Sans titre

© Dries Van den Brande

L’autoportrait sans titre de Julien Meert s’inscrit dans une série, toujours en cours, débutée en 2014. La vingtaine de portraits, divisée en trois sous-groupes, se caractérise par la répétition du visage de l’artiste en plan serré sur fond bleu. Entre séduction et répulsion, son portrait se déploie de toile en toile sur de grands formats verticaux aux dimensions toujours identiques (220 x 170 cm).

Par la répétition, la spécificité de chaque visage, reproduit invariablement en gros plan à partir de selfies, s’atténue peu à peu pour ne conserver qu’un motif. Un visage-type peint sur un à-plat légèrement dégradé. Inexpressifs et hypnotiques, les yeux vides et dilatés sont perçants, tandis que la bouche demeure close. Agrandit pour occuper toute la surface de la toile, son visage est à la fois très présent, voire intimidant, et en même temps flottant, presque désincarné.

Cette série iconique est représentative du travail de l’artiste. Pourtant, à la base, Meert n’avait pas l’intention de faire un autoportrait. Il a juste fait une photo de sa tête pour peindre un visage correctement proportionné. Face au résultat, il réalise que quelque chose de son état psychologique fébrile d’alors transparaît. C’est moins un autoportrait que la traduction picturale d’un certain malaise existentiel. Il le développe alors en série en se lançant à chaque fois un nouveau défi formel. L’exercice lui permet une prise de distance par rapport à sa propre image. Son visage est réduit à un motif désaffecté.